Cahiers internationaux de Sociologie, vol. LXXVI, 1984

LIBÉRALISME ET VÉCUS SEXUELS
A ABIDJAN

Marc LE PAPE et Claudine VIDAL




RÉSUMÉ

Présentation d'enquêtes conduites à Abidjan au tournant des années 80 : comment le cosmopolitisme de la capitale ivoirienne influence-t-il les attitudes sexuelles ? Exemples d'attitudes féminines et aspects de l'homosexualité masculine.




SUMMARY

Presentation of surveys conducted in Abidjan in the late seventies and early eighties : how does the cosmopolitanism of the Ivory Coast capital influence sexual attitudes ? Examples of feminine attitudes and aspects of male homosexuality.



A Abidjan, le moralisme sexuel fut une incitation coloniale : par les médiations de l'Eglise, des écoles et d'une administration qui marquait clairement sa préférence pour des employés et des fonctionnaires africains rangés. Une “ libéralisation des moeurs ” suivit l'Indépendance. Le nouvel Etat ne la contrariait pas, son maître mot n'était pas l'austérité. Mais simplement, les autorités, adeptes du libéralisme, le furent aussi en ce domaine : elles laissaient faire. Il se créa donc un marché du plaisir et ce marché, diffus, sensible aux influences étrangères, donnait libre cours à des sociabilités nouvelles de séduction. Ainsi, mêlant cosmopolitisme et néo-traditionalisme, se formèrent des vécus proprement abidjanais en matière de rapports amoureux et de conduites sexuelles.


On parle volontiers de plaisirs physiques à Abidjan, et la [page 112] curiosité sensuelle s'exprime sans gêne dans des conversations qui ne se tiennent pas seulement entre intimes. C'est ainsi que circulent des informations et des commentaires qui, en se sérialisant, tendent aux stéréotypes, prennent consistance en codes, mais souplement. Ceci doit se comprendre par rapport à un contexte où il n'y a pas de théories qui commandent l'expression des plaisirs et en donnent des versions autorisées. Pragmatiques, les conversations sexuelles ne séparent pas les faits et leur appréciation.


L'enquêteur relèvera des cas, des attitudes, des portraits. Il ne saurait rapporter des idéologies générales qu'il présenterait ici comme discours des sexualités ivoiriennes : ces idéologies n'existent pas. Peut-être, dans l'avenir, de tels discours prendront-ils en Côte-d'Ivoire, mais il n'y aurait pas lieu de les traiter comme matrices réelles des pratiques. Du reste, même là où existent des grammaires de la sexualité, telles la sexologie ou la psychanalyse, en étudier les pronostics ne remplace pas l'observation des conduites.


1. Manières de Blancs

Persiste dans bien des imaginaires européens cette idée de la sexualité africaine : l'état de grâce préexistant aux inhibitions consécutives à la chute. Ou bien, sous influence ethnologique, s'impose la vision d'un dressage totalitariste des corps, sacrifiés à la coutume. Innocence authentique du primitif ou soumission formaliste aux prescriptions rituelles, nos fantasmes évidemment, mais nous savons combien dans les rapports sociaux de domination importe la dépréciation des comportements sexuels des dominés. Fantasme pour fantasme, ces dernières années, à Abidjan, j'ai souvent entendu, dans les milieux populaires, vanter les conduites érotiques européennes comme l'excellence même. La thèse est surtout féminine, mais il arrive que des hommes la soutiennent aussi. Après l'amusement de constater que le bon sauvage avait trouvé, pour une fois, son pendant, le bon civilisé, restait à comprendre la signification de cette valorisation inattendue.


D'abord, je situerai mes interlocutrices : citadines aguerries et non pas nouvelles venues, ou bien nées en ville, ou bien adoptées , selon une pratique courante, par une parente qui les a initiées à la vie urbaine dès le plus jeune âge. Elles sont ivoiriennes et, pour la plupart, d'origine ethnique baoulé. Ces données ont leur importance : près de la moitié de la population africaine d'Abidjan est immigrée ; par ailleurs, l'exode urbain des Baoulé, particulièrement celui des femmes, est un fait ancien qui connaissait [page 113] déjà, dès avant la seconde guerre mondiale, une certaine amplitude. Adolescentes ou très jeunes femmes lors de l'Indépendance, elles furent, bien qu'illettrées, partie prenante dans le développement de la capitale. En effet, le dynamisme économique de la ville, la disparition des divers contrôles exercés par l'administration coloniale favorisèrent l'inventivité des femmes qui commercèrent de tout et passionnément, du moins celles que n'entravaient pas des interdits culturels. Leurs réussites furent très inégales, quoi qu'il en soit, les contradictions entre l'autonomie financière des commerçantes et l'autorité maritale s'avérant insurmontables, elles y gagnèrent le plus souvent leur indépendance, vécurent en femmes libres , qu'elles l'aient désiré ou non. Elles ont donc connu des mariages suivis à brève échéance de divorce, des liaisons tout aussi peu durables et de rapides aventures sans être pour cela déconsidérées le moins du monde. Ce qui compte à Abidjan : la réussite financière, quant aux contrats, entre hommes et femmes, leur fragilité est notoire ; chacune et chacun la déplore, accuse l'autre, mais s'en arrange, bien obligé.


L'apologie des manières de Blancs -- c'est ainsi que l'on dit --enveloppe le dénigrement des pratiques sexuelles africaines, pièce qui ne pouvait pas manquer au procès radical que s'intentent, à Abidjan, les partenaires-ennemis masculins et féminins. La référence à ces manières est un mixte d'idées vagues, d'éprouvés et de schèmes intériorisés classant les goûts. Elle n'a rien à voir avec une technologie du plaisir amoureux qui aurait été directement expérimentée avec des Européens : jamais, elles ne les avaient approchés de cette façon, reconnaissaient en toute franchise celles qui tenaient ce discours. Nul besoin d'ailleurs d'expérience personnelle pratique, car cette imagerie, objet de ferme croyance, dissipe tout mystère sur les moeurs amoureuses des Blancs. De celles-ci, l'essentiel tient à la large place donnée à tout ce qui n'est pas le coït proprement dit : les Blancs savent jouer . Quant au coït, il se réalise par la position raillée ici comme missionnaire , terme inemployé là-bas, où parfois on l'appelle dioula , car l'usage en aurait été transmis par des colporteurs dioulas qui, eux, en contact ancien avec les Européens, leur auraient emprunté une technique passant pour raffinée.


En quoi ce modèle induit-il une critique des partenaires africains ? On leur reproche, à ce qu'il me semble, leur incapacité aux régressions pré-génitales , pour s'amuser à utiliser un vocabulaire freudien. En bref, ils se limitent à reproduire, à faire preuve de puissance par la répétition : Ils ne connaissent rien. Les femmes ne doivent pas révéler le secret des hommes, raconter ce qui s'est passé entre elles et eux : interdit lié aux palabres de la polygamie. Elles ne s'en privent cependant guère [P. 114] et ce secret réside en un comptage des prestations masculines de la nuit, comptage qui permet de départager les co-épouses en favorites -- qui au moins se prétendent telles -- et en délaissées. Or, le polygame doit se montrer juste en tous domaines, y compris dans les services sexuels, sans quoi il subira réclamations et procès ... Les citadines, qui récusent sans nuance les moeurs villageoises, ne s'intéressent plus à apprécier de cette façon les performances amoureuses de leur partenaire. Elles ne recherchent aucunement une égalité de faveurs entre elles et une rivale, elles veulent être traitées pour elles-mêmes, détestent l'idée de partage. L'exclusivisme féminin veut de nouvelles démonstrations, exige des soins non mesurables et qui s'adressent à elles seules. Les récriminations ne sont pas inspirées par un idéal de réciprocité orgastique ; l'inégalité en ce domaine est cependant admise : les femmes ne versent ni en même temps que les hommes, ni aussi aisément qu'eux, elles s'y résignent, là n'est pas l'essentiel. La crainte de prendre ventre ne donne pas non plus lieu à doléance, car le coïtus interruptus n'est pas en usage dans ces milieux. On le connaît en tant que pratique anti-conceptionnelle mais, pour une fois d'accord, les deux partis y répugnent : un homme qui pratique spontanément le retrait affiche une défiance outrageante, une femme qui le demande signifie à son partenaire qu'elle refuse tout projet envers elle qui dépasserait le moment présent. En fait, ni l'un ni l'autre n'acceptent un libertinage de l'instant et la rencontre sexuelle demeure prise dans une relation potentielle qui n'exclut pas la grossesse et ses conséquences partagées. Seules les intellectuelles qui, par leur statut professionnel ou leur mode de vie, appartiennent aux couches privilégiées de la société abidjanaise, utilisent une contraception médicalisée.


Cependant, ce serait de l'ethnocentrisme de penser que ces femmes revendiquent un droit au plaisir et défrichent, en pionnières, les voies d'une libéralisation sexuelle féminine, libéralisation en quelque sorte parallèle à leur autonomie économique. Bien souvent, cette autonomie, loin d'être l'aboutissement d'une politique délibérée, s'est imposée par la démission fréquente de maris qui ne se sont plus guère souciés des enfants conçus aux temps de l'entente. Les mères célibataires , très nombreuses à Abidjan, ne sont pas des marginales, aucun ostracisme ne les brime et leur statut ne les prédispose ni à un programme d'émancipation sexuelle, ni à une libération de la femme .


En fait, la rêverie sexuelle sur les manières de Blancs n'est qu'une spécification de la mythologie générale environnant le monde européen et à laquelle adhèrent les milieux populaires. Cette mythologie accrédite, entre autres, un modèle conjugal -- monogame, stable, basé sur la fidélité sexuelle, le souci partagé [page 115] des enfants, une confiante communauté d'argent --, modèle qui aurait cours en Europe et qui s'observerait à Abidjan dans le milieu français. Cette harmonie matrimoniale inclut une mutuelle satisfaction érotique qui serait principalement due, selon les Abidjanaises, aux bons procédés des maris. Ainsi, selon cette vision féminine, l'érotisme européen est-il le complément édifiant d'un roman conjugal. J'en possède beaucoup moins de témoignages, mais des hommes avec qui j'ai pu m'entretenir de ces sujets retournent à l'encontre de leurs partenaires le discours qu'elles tiennent : les femmes n'ont guère d'imagination, exigent toujours les mêmes preuves, poussent les hauts cris si on leur propose de la nouveauté. Cohérence de la mésentente : ces citadins et citadines vivent dans le malaise la continuation des moeurs villageoises en ville, prêtent aux privilégiés européens et ivoiriens l'harmonie de la réussite et du plaisir, mais chacun de déprécier et d'imaginer pour soi, si bien qu'au bout du compte, l'autre est tenu pour responsable des frustrations.



2. Le milieu homosexuel

Le milieu , ainsi les homosexuels africains d'Abidjan désignent-ils eux-mêmes le réseau qu'ils forment. Dispersé dans la ville, le milieu ne s'est pas organisé en ghetto, il ne revendique pas non plus une culture gay . La clandestinité n'est pas pour autant une nécessité. Pas de répression policière spécifique, pas de stigmatisation par l'opinion publique : le fait homosexuel suscite principalement la curiosité ; on sait qu'existent des femmes-garçons , ce terme connotant une vague idée d'androgynie, plutôt que de perversité. Il ne faut pas pour autant imaginer que la société africaine soit partout indifférente et les témoignages attestent l'ostracisme villageois.


En fait, la minorité homosexuelle partage les mêmes critères d'intégration à la civilisation citadine que les autres gens. Le milieu a peu de caractères originaux, il a surtout une allure abidjanaise. Par exemple, il n'y a pas de modes gay et les crèmes éclaircissantes, les parfums, les bijoux, les accessoires sophistiqués, la surveillance narcissique de son image sont des habitudes ordinaires à qui peut se les offrir et que l'œil européen prendrait à tort pour signes d'un efféminement masculin.


Quant aux lieux publics de rencontre -- restaurants, petits bars, bords de mer -- aucune sélection par les préférences sexuelles n'y est formalisée : ils demeurent mixtes. Ainsi, dans le bar de Treichville où, tous les samedis soir, se retrouvait le milieu , voyait-on également des femmes, les entraîneuses engagées par le patron mais aussi les invitées des habitués. Dans [page 116] les intérieurs privés, demeure également constante une présence féminine : des parentes, des amies, car les goûts particuliers n'empêchent pas d'accomplir les devoirs de l'hospitalité.


Ce milieu tend à reconstituer des sous-milieux. Très perméables les uns aux autres, ces sous-milieux forment cependant un cadre de base --ainsi, les originaires d'un quartier de Bamako, les ressortissants d'une petite ville malienne, les frères issus d'une même région ivoirienne se voient régulièrement, habitent souvent ensemble, s'entraident tout en se concurrençant à qui mieux mieux. Ces micro-regroupements sont d'ailleurs pratique courante à Abidjan dont la rapide expansion et la dominante libérale mettent les isolés, nationaux ou pas, en dangereuse position de faiblesse.


Finalement, les homosexuels s'intègrent dans la ville sans avoir eu à développer des stratégies particulières de défense, non plus qu'à construire des thèmes et une identité de revendication, si bien qu'un tableau social du milieu ne fait pas ressortir de traits bien singuliers. Par exemple, au début des années 60, la prostitution masculine en direction des Européens était rare et discrète, actuellement le racolage s'exerce publiquement en des endroits connus de tout le monde. Ce phénomène a suivi la détente générale des mœurs, il en est l'un des traits supplémentaires et atteste la souplesse de la société abidjanaise à syncrétiser.


L'homosexualité masculine ne donne pas prétexte, comme en France, à un condensé opaque de signifiants, elle n'est pas une ressource infinie de stéréotypes : ni dans l'immédiat ordinaire des conversations, ni dans un culturel de la sexualité. Ce ne fut qu'à l'occasion d'un petit événement, créé par une émission de télévision et un article de presse, que l'on a pu observer la cristallisation de quelques schèmes concernant l'homosexualité.


La télévision avait montré, au cours d'une émission très en faveur auprès du grand publie, l'imitation d'une star ivoirienne de la chanson par un travesti. Son jeu touchait à la perfection : Oscar était Aïcha Koné. Il ne chantait pas mais, costumé comme la vedette du boubou et coiffé de la coiffure néo-traditionnelle qu'elle portait toujours en scène, il mimait, en play-back, ses expressions et ses attitudes. Il est vrai que la ressemblance du visage, de la taille et de la corpulence aidaient à produire l'illusion, cependant Oscar était un professionnel : depuis des années il travaillait àmonter et à jouer, mais en privé, des spectacles de travestis. Sa chance tint à l'extrême célébrité d'Aïcha Koné, son succès s'inscrivit dans l'engouement ivoirien pour la culture disco . L'événement télévisuel fut redoublé par un reportage que l'hebdomadaire national, Ivoire Dimanche ( Oscar, imitateur d'Aïcha Koné , Paulus, 24 octobre 1982, no 611), consacra au spectacle [page 117] qu'Oscar présentait désormais en publie dans son café-théâtre.


Le journaliste délimite son sujet: Nous sommes sur le terrain de l'art , mais une fois fixé en principe qu'on ne parlera pas d'homosexualité, il en est constamment traité. Quelle est la vérité de l'artiste ? La féminité des acteurs atteindrait-elle ce réalisme si elle n'exprimait, en fait, leurs goûts

particuliers. Ainsi, d'Oscar : Le travestissement lui colle presque à la peau. Pour rien au monde, il ne l'abandonnerait.

Ivoire Dimanche est très lu en Côte-d'Ivoire et ses reportages donnent matière aux conversations de week-end. Un article de Fraternité Matin, l'unique quotidien national, avait également, autour du spectacle, commenté l'homosexualité : le milieu fut surpris, il n'avait jamais encore été sujet d'actualité. Quant à Oscar, tous le connaissaient déjà comme un homme dont la réussite était indéniable. Ce Malien, venu à Abidjan vers la fin des années 60, travaillait depuis longtemps chez l'un des coiffeurs français les plus réputés de la capitale. Il savait se faire des réseaux dans les milieux européens, sa maison était un peu le salon où se croisaient ceux du milieu qui voyageaient entre le Mali, le Sénégal, la France. Son art du cosmopolitisme fut aussi bien la clef de ses succès d'acteur: il fallait évidemment se montrer expert en relations avec les gens influents pour être l'invité d'une émission télévisée, pour se produire en même temps qu'Aïcha Koné dans l'une de ces manifestations mondaines où se retrouve le gratin de la politique et de la finance, pour ouvrir un café théâtre . Oscar était un professionnel, intégré aux catégories des créateurs de modes les plus renommés, ce pour quoi le journaliste et le producteur de télévision s'étaient

intéressés à lui. Dans ce contexte, il était secondaire qu'il fût homosexuel, il était déterminant qu'il eût une intelligence sociologique de la haute société ivoirienne.

Que l'homosexualité d'Oscar et de ses acteurs fût exposée publiquement n'avait pas inquiété le milieu : les goûts particuliers ne se revendiquent pas, ils ne sont pas non plus secrets. Mais qu'ils aient accepté de laisser publier des clichés d'eux-mêmes, habillés en femme, fut commenté sans bienveillance. Les gens du milieu , comme s'ils oubliaient que c'était pour la nécessité et la durée d'un spectacle, voyaient un danger à ces photographies imprimées : elles fixaient une image féminisée de quelques-uns qui risquait d'être prise pour l'image d'eux tous. Le journaliste ne s'était d'ailleurs pas privé du poncif de l'efféminement comme naturel à l'inversion masculine.


Des manières efféminées sont effectivement observables hors de la scène. Non comme une démonstration permanente et publique : rien de comparable au personnage de la folle ou à [page 118] du travesti de rue. Le jeu consiste en des emprunts occasionnels d'apparences, d'attitudes estimées féminines que l'on tient entre soi, quelque temps. En ces moments, il s'agit de suggérer une frivolité imaginée européenne, une espèce de chic féminin prouvant la distinction, mais qui n'annonce pas de façon sûre une partition entre rôle sexuel actif ou passif. La même personne peut un jour porter boubou, une autre s'afficher super-branchée, ou bien passer du genre viril, voire bagarreur, au style fragile créature , bref elle s'habitue à une présentation de soi-même constamment souple. Le cosmopolitisme d'Abidjan y incite, si bien que maintenir une permanence de son personnage est jugé comme manque de finesse.


Revendication des différences et panégyriques de l'identité n'ont pas eu prise jusqu'à présent. Aucune trace non plus du thème découverte de soi-même par la compréhension de l'Autre. Xénophobies et intolérances s'expriment sans façon, ne s'euphémisent réellement pas. C'est principalement le mode de vie des dominants qui aimante les identifications et, pour le moment, la haute bourgeoisie fait parade de son hédonisme, de son internationalisme. Ces références gouvernent les aspirations, les variables consistant évidemment dans l'adaptation des souhaits aux possibles. Sentiments amoureux et sexualités n'échappent pas à ces tropismes. Il en résulte une échelle de valeurs, selon laquelle est apprécié tout ce qui rapproche du mode de vie des riches, est négatif tout ce qui en éloigne. Les réflexions de chacun dépendent de logiques générales et non d'une logique spéciale des relations physiques. Sous cet angle, le sexuel est envisagé comme une composante de la réussite urbaine, si bien qu'il est rare de constater, de la part d'Africains abidjanais, une position arrogante de l'identité sexuelle : ni féminismes, ni groupes de libération qui isolent le thème sexuel et en fassent la raison d'un programme de vérité.


CNRS, Paris.


Numérisation : Le Séminaire gai


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