Texte originel : Mendès-Leite, R. The status of research on homosexuals and lesbians in humanities and social sciences in France (1970 - 1995). (paru in Sandfort, T. et Schuyf, T. The Future of Gay and Lesbian Studies in Europe. Utrecht, Universiteit Utrecht). L'auteur remercie Jan-Willem Duyvendak, Gert Hekma, Theo Sandfort, Judith Schuyf et Brigitte Lhomond. LES RECHERCHES SUR LES HOMOSEXUELS ET LES LESBIENNES DANS LE DOMAINE DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES EN FRANCE (1970 - 1995)1 Rommel Mendès-Leité
Avant de commencer cette brève présentation sur le champ des études gaies et lesbiennes en France, je voudrais soulever une question qui se pose d'emblée lorsqu'on doit effectuer une telle analyse dans le contexte français et, je le crois, au sein d'autres pays hors de la tradition anglo-saxonne. Bien qu'elle relève d'une discussion fort complexe, la question peut être formulée très simplement : comment et sur la base de quels critères peut-on définir le champ des études gaies et lesbiennes ? Bien sûr, je ne prétends pas m'étendre davantage sur ce sujet, mais je suis, néanmoins, obligé de le rappeler puisque, au moins en France, la réponse n'est pas du tout évidente. Ainsi, si l'on part de la définition selon laquelle les études gaies et lesbiennes concernent des groupes de chercheurs institutionnalisés et regroupés dans des laboratoires ou des unités de recherche et d'enseignement, comme c'est le cas au moins ici aux Pays-Bas et aux États-Unis, je vous dirai que cela n'est pas le cas en France ni, d'ailleurs, dans la majorité des pays d'Europe du Sud. En revanche, en France, une association para universitaire, le GREH, fondée par moi-même en novembre 1986, joue un peu un rôle fédérateur sur les recherches sur les homosexualités et les lesbianismes dans notre pays. Cette structure associative a organisé un réseau de chercheurs et d'étudiants en sciences humaines et sociales travaillant dans le domaine des sexualités et qui dépasse les frontières de l'hexagone. Elle se réunit régulièrement cinq ou six fois par an autour d'une conférence ouverte au grand public et d'un séminaire de travail réservé aux chercheurs et étudiants. J'y reviendrai au cours de cette communication.
Un autre repère de définition pour les études gaies et lesbiennes peut être la production de travaux et de recherches sur ces sujets même si ceux-ci ne relèvent pas d'un regroupement formel ou institutionnalisé de leurs auteurs. C'est dans ce cas de figure qu'on pourrait classer le " cas français ". Il existe des contacts et des échanges informels entre chercheurs ainsi que des forums soit ponctuels soit réguliers où des présentations et des discussions s'établissent, comme c'est le cas lors de certains colloques, tables rondes ou conférences se tenant d'une façon irrégulière ou habituelle, à l'exemple des cycles organisés par le GREH que nous venons de citer. Malheureusement, en France, les institutions de recherche sont encore assez fermées par rapport à ce genre de sujet et le système de " mandarinat " existant au sein des universités et unités de recherches françaises ne facilite pas l'intégration des chercheurs travaillant sur les homosexualités masculines et féminines. On peut d'ailleurs formuler la même remarque en ce qui concerne les études sur les sexualités en général. De ce fait, les chercheurs qui se consacrent à ce genre de sujet sont plus ou moins marginalisés, soit qu'ils sont condamnés à rester à plus ou moins long terme (ou même définitivement) en dehors des institutions universitaires, soit qu'ils y ont l'accès, mais souvent au détriment du bon déroulement de leur carrière professionnelle. Cette situation ne facilite guère la constitution d'unités de recherches ou de laboratoires consacrés aux études gaies et lesbiennes. Les réseaux informels ou parauniversitaires sont donc amenés à jouer un rôle fédérateur dans ce contexte.
Un autre point de repère que je voudrais rappeler et je ne compte pas en faire ici une liste exhaustive se réfère à l'identité sexuelle des producteurs d'études relevant des homosexualités et des lesbianismes. Autrement dit, faut-il nécessairement être un homosexuel ou une lesbienne identitaire pour pouvoir se prétendre apte a mener des études gaies et lesbiennes ? Ceci nous renvoie à une autre question tout aussi importante : toutes les études sur les homosexualités masculines et féminines relèvent-elles des études gaies et lesbiennes ? Il est difficile de trancher et je ne peux pas m'étendre davantage sur ces questions, compte tenu du temps qu'il me reste. Je me restreindrai donc à donner la réponse qui me semble la plus juste en ce qui concerne " le cas français ", et encore une fois je pense que cette situation n'est nullement spécifique à la France. Par rapport à la question identitaire, la tradition française veut que la sexualité des individus relève uniquement du domaine privé et le cas des écrivains, scientifiques ou d'autres personnes publiques qui affichent leur identité est considéré au moins comme " de mauvais aloi ", même si leurs goûts ou péchants sont largement connus d'un certain milieu ou même du grand public. C'est le cas de tel ou tel homme politique, ministre ou acteur, mais aussi de figures comme Michel Tournier, Roland Barthes ou Michel Foucault. Ceci n'empêche pas que certaines célébrités, comme ces trois derniers, ne dissimulent nullement leur homosexualité. La question n'est pas là. Tout simplement, dans le contexte français, ce genre de question ne doit être pas posé parce que, tout simplement, " elle ne se pose pas ". Ainsi, peut-on considérer que Barthes ou Foucault ont produit des ouvrages gais ou relevant des études gaies et lesbiennes ? Ou, dans le même ordre d'idées, Tournier produit-il de la littérature gaie? Peut-être au grand étonnement de mes collègues anglo-saxons, j'affirmerai que non. Mieux, je dirai qu'en France la question n'a pas le moindre sens. Dans la même perspective, des auteurs qui ont écrit ponctuellement sur l'homosexualité, qui en parlent et qui soutiennent publiquement des " causes gaies ", à l'exemple d'Élisabeth Badinter, épouse et mère de famille à l'hétérosexualité incontestable et incontestée, n'imaginent certainement même pas qu'un jour on puisse classer certains de leurs travaux comme faisant partie des études gaies et lesbiennes. En revanche, on peut citer certains " mandarins " universitaires français qui, au contraire, craignent que le " libéralisme affiché " qui les autorise à diriger des mémoires et des thèses sur les homosexualités ne soit interprété comme un goût un peu trop appuyé et trop personnel sur la question... Cette situation qui a pour conséquence que leur soutien ne va pas jusqu'au point de contribuer à rendre possible la création d'unités de recherche ou d'enseignement sur les homosexualités voire sur les sexualités (il ne faut tout de même pas laisser entendre le soupçon que monsieur le Professeur est " libéral " aussi dans ses moeurs...).
Après cet aperçu quelque peu caricatural du " cas français ", j'aimerais expliciter les critères que j'ai pris en compte pour établir mon analyse. En prenant en considération les problématiques que je viens d'effleurer, j'ai établi un inventaire d'ouvrages publiés en France ainsi que de certains autres publiés à l'étranger par des Français ou par des chercheurs établis en France. Naturellement, cet inventaire n'est pas exhaustif : il s'agit plutôt d'une illustration de la production française sur le sujet qui nous intéresse ici. Ensuite, j'ai établi une typologie des ouvrages en prenant en considération les principales disciplines dont ils relèvent2, tout en retenant aussi un certain nombre d'ouvrages significatifs relevant de la production issue du mouvement homosexuel et lesbien, de la vulgarisation ou encore de certaines études qui ne sont pas consacrés aux homosexualités, mais qui lui accordent une place significative. Puis j'ai classé cette typologie selon l'ordre chronologique de parution, la période couverte s'étendant arbitrairement sur les trois dernières décennies, c'est-à-dire les années 1970, 1980 et 1990.
Il faut souligner que je ne me suis pas préoccupé de la problématique de l'identité sexuelle des auteurs, compte tenu de l'approche française de la question, comme je l'ai déjà expliqué. Si j'ai retenu pour ma liste aussi bien des articles que des ouvrages collectifs ou à auteur unique, je ne me suis pas concerné des mémoires et des thèses universitaires ni de la littérature issue du mouvement féministe, hormis les plus connus ou les plus marquants d'entre eux, en fonction du temps que je pu consacrer à cet " inventaire " aussi bien que de mes compétences personnelles. Cet article reste donc un premier état des lieux sur la question, qui devra être plus détaillée ultérieurement.
Avant les années 1970, si l'on exclut toute la production littéraire, journalistique, esthétique ou encore à caractère anecdotique existant en France3 et liée à une forme ou une autre d'expression des homosexualités, les principaux ouvrages consacrés à ce sujet sont les articles de vulgarisation parus dans la revue du mouvement homosexuel Arcadie, qui sera publiée tout au long des années 1954 et 1982, ainsi que par certains militants, le plus significatif étant Daniel Guérin (Guérin, 1969).
La décennie 70 va connaître une expansion de ce genre de littérature, développement directement lié à l'essor du mouvement homosexuel. C'est la grande époque " révolutionnaire ", dans le sillage des mouvements de mai 1968, qui va voir la publication des ouvrages de Guy Hocquenghem sur La Dérive homosexuelle (1977), sur l'histoire des homosexualités avec son Race d'Ep ! (1979a, qui sera aussi à l'origine d'un film du même nom en collaboration avec Lionel Soutkaz), mais aussi quelques autres sur des sujets plus provocateurs pour l'époque (et même de nos jours) comme ses Réflexions d'un francophobe (1979b, véritable hymne à La beauté du métis) ou encore Co-Ire, Album systématique de l'enfance (1976, en collaboration avec René Schérer) où les relations homosexuelles avec les jeunes garçons vont constituer un dossier spécial de la revue Recherches (n· 22). Deux autres ouvrages, l'un antérieur (Émile perverti, ou des rapports entre l'éducation et la sexualité, de 1974) et l'autre de la même année (Une Érotique puérile, 1976) abordent ce même sujet sous la plume de René Schérer. Dans la tradition contestataire en vogue à l'époque, un dossier de la revue Recherches sur les Trois milliards de pervers (Grande Encyclopédie des Homosexualités) a été publié en mars 1973. Il a été à l'origine d'une forte polémique qui a eu comme conséquence le lancement de procédures légales contre la direction de la revue. Ceci bien que ce numéro ait été collectivement signé par nombre d'intellectuels français fort connus comme Gilles Deleuze, Michel Foucault, Jean Genet, Félix Guattari, Daniel Guérin, Guy Hocquenghem, Georges Lapassade, Jean-Paul Sartre. D'autres figures liées directement ou indirectement au mouvement homosexuel continuent ou commencent alors à publier des ouvrages de réflexion politique ou contestataire sur l'homosexualité (Guérin, 1971, 1976; Bory, 1977), ou encore de vulgarisation sur le sujet (Courouve, 1977). C'est aussi cette décennie qui verra la publication de la première enquête sociologique française sur l'homosexualité de l'homme (Bon et d'Arc, 1974), suivie quelques années plus tard d'un sondage national organisé et publié par la revue Arcadie (n· 304, 1979).
Pendant les années 1970 deux ouvrages-clés de la recherche historique française liés aux homosexualités (même si elles ne sont pas leur sujet principal) verront également le jour : le premier volume de l'Histoire de la Sexualité (La volonté de savoir, 1976) de Michel Foucault et Le pénis et la démoralisation de l'Occident, de Jean-Paul Aron et Robert Kempf (1978). Lors de la deuxième moitié de cette même décennie, un ouvrage d'histoire entièrement consacré à l'homosexualité masculine sera publié par Pierre Hahn à propos de Nos ancêtres les pervers (La vie des homosexuels sous le Second Empire, 1978). A signaler aussi un ouvrage psychologique de Michel Bon (1975), Développement personnel et homosexualité et les débuts de Masques, la revue des homosexualités, d'une remarquable qualité de contenu et qui a exercé grande influence sur toute une génération d'intellectuels homosexuels français ainsi que la parution d'un article sociologique d'André Béjin et de Michaël Pollak (1977) qui, avec par toile de fond de la " libéralisation sexuelle contemporaine ", analyse la Rationalisation de la sexualité, où l'homosexualité aurait droit de cité.
Côté femmes, c'est la grande époque du féminisme qui donnera lieu à toute une série d'essais sur la condition des femmes et sur les genres. Ceux-ci seront d'une influence capitale sur les études sur les sexualités, y compris sur ceux consacrés aux gais et lesbiennes. Même si la question lesbienne n'est pas toujours abordée sans détour par la littérature féministe produite et publiée pendant les années 1970, elle est directement ou indirectement présente dans certains travaux, notamment ceux d'analyse littéraire de Monique Wittig (1979) ainsi que dans les remarquables recherches et réflexions anthropologiques sur les genres menées par Nicole-Claude Mathieu (1971, 1973, 1977a, 1977b). D'autres ouvrages sur la question lesbienne paraissent aussi à cette époque, consacrés quant à eux aux essais ou à la vulgarisation, à l'exemple des publications de Geneviève Pastre (1978).
Lors de la décennie 1980, la production intellectuelle se déplacera du front militant vers les rangs universitaires, oeuvre aussi bien des chercheurs en travail de thèse que de ceux ayant déjà une assise institutionnelle. Ainsi, des figures à réputation internationale et ne travaillant habituellement pas sur les homosexualités, comme Philippe Ariès et Paul Veyne (Professeur au très prestigieux Collège de France), contribuent avec des articles portant respectivement sur des " Réflexions sur l'histoire de l'homosexualité " et sur " L'homosexualité à Rome " au dossier de la revue Communications (n· 35) consacré aux Sexualités occidentales. Issu d'une collaboration entre Philippe Ariès lui-même et André Béjin, cet ouvrage collectif a connu un grand succès, étant traduit en diverses langues dont le portugais (Lisbonne, 1983; Sao Paulo, 1987), l'italien (Turin, 1983), l'allemand (Frankfurt, 1984), l'anglais (Oxford, 1985), le néerlandais (Kampen, 1986) et l'espagnol (Barcelone, 1987).
Les études historiques ou à caractère historique développées pendant les années 1980 vont couvrir les périodes et les espaces géographiques et culturels les plus divers, allant des recherches de Bernard Sergent sur l'homosexualité masculine initiatique dans la mythologie grecque (1984, 1988) ou dans l'Europe ancienne (1986) aux travaux de Geneviève Pastre sur le lesbianisme à Athènes jusqu'aux recherches de Michel Rey (1982, 1987a, 1987b, 1989) sur les archives de police et les sodomites au xviiie siècle et les analyses de Brigitte Lhomond (1985, 1986, 1989) sur la constitution des figures de l'homosexuel et de la lesbienne par le discours médical au xixe siècle. D'autres ouvrages couvrent des périodes historiques plus larges, comme celles de Marie-Jo Bonnet (1981) sur les lesbiennes et leur Choix sans équivoque ou le livre de Maurice Lever sur l'Histoire des " infâmes " (Les Bûchers de Sodome, 1985); quelques livres analysent des sujets touchant indirectement l'homosexualité, comme la masturbation au siècle des Lumières (Tarczylo, 1983) ou encore discutent des problématiques historiographiques liées au lesbianisme (Claudie Lesselier, 1985). La période contemporaine est abordée par des études à caractère historique ou socio-historique allant de la vie homosexuelle à Paris pendant la belle époque (Barbedette et Carassou, 1981) à La déportation des homosexuels étudiée par Jean Boisson (Le triangle Rose, 1988) en passant par le Mouvement homosexuel en France, sujet du livre de Jacques Girard (1981). En mars 1981, la revue Le Débat (n· 10) publie un dossier Sur l'histoire de l'homosexualité où, à partir de comptes-rendus des ouvrages internationaux sur le sujet on en fait un état des lieux. Les articles sont signés par Alain Schnapp, Jean Gattégno, Michaël Pollak et Jean-Claude Schmitt.
Pour la première fois durant ses presque sept siècles d'existence, la vénérable Sorbonne a connu en novembre 1986 son premier colloque sur les études et recherches gaies et lesbiennes. Sous la houlette de Michel Maffesoli, en collaboration avec les Homostudies d'Amsterdam dirigées par Gert Hekma et avec le soutien du journal Gai Pied Hebdo, à l'époque dirigé par Frank Arnal, le symposium Homosocialité, Homosexualité et Urbanité a réuni des chercheurs français et étrangers travaillant dans diverses disciplines en sciences humaines et sociales pour une journée de travail. La sociologie, mais aussi l'histoire, ont été les domaines les plus représentés. Si les actes de cet événement n'ont jamais vu le jour, quelques-unes des communications présentées ont été publiées ultérieurement par le GREH (Mendès-Leite, 1988, 1990, 1994) qui, d'ailleurs, a été fondé suite de ce colloque.
En mars 1988, la revue Sociétés (n· 17), dirigée par Michel Maffesoli, a publiée la première livraison d'une revue universitaire française entièrement consacrée à l'homosexualité. Organisé par moi-même, ce numéro, titré Entre hommes, entre femmes, rend hommage aux recherches néerlandaises autour de l'homosocialité (Mike Aerts et. al., 1983) et présente des articles français et étrangers sur les homosexualités et le lesbianisme issus de diverses disciplines dont l'histoire4. Également à l'initiative du GREH et en collaboration avec d'autres associations et laboratoires 5, un colloque portant sur Homosexualité et lesbianisme : Mythes, mémoires, historiographies a été organisé à la Sorbonne et à l'Université de Paris V les 1er et 2 décembre 1989. Des contributions issues de divers pays européens (France, Belgique, Autriche, Pays-Bas, Espagne) mais aussi américains (Canada, États-Unis, Brésil) ont été présentées, portant sur divers sujets chronologiquement situés entre le xixe siècle et l'époque contemporaine 6. La publication des actes de ce colloque (GREH et. al., 1989 - 1991) a initié la série Université 7 des Cahiers Gai-Kistch-Camp, association fondée et dirigée par Patrick Cardon à Lille, qui contribue ainsi à la diffusion en langue française de textes universitaires sur l'homosexualité et le lesbianisme, ainsi que d'ouvrages anciens épuisés ou méconnus.
Les recherches sociologiques et anthropologiques, moins nombreuses que les études historiques, s'occupent de sujets divers comme les styles de vie et les identités homosexuelles et lesbiennes (Lesselier, 1987; Mendès-Leite, 1987, 1988; Pollak, 1982), la sexualité des jeunes homosexuels (De Queiroz, 1988) ou encore des questions épistémologiques situées à l'interface entre la sociologie (Pollak, 1988a) et la psychologie sociale (Molleda-Pernas, 1988). Outre la publication du numéro spécial de Sociétés en mars 1988 que nous avons déjà cité, trois autres ouvrages sociologiques et anthropologiques marquent cette époque : tout d'abord le Rapport Gai, enquête sur les modes de vies homosexuels, où Jean Cavailhes, Pierre Dutey et Gérard Bach-Ignasse (1984) plongent dans l'univers associatif et commercial homosexuel français en s'appuyant sur des questionnaires quantitatifs et à un financement du Centre National de Recherches Scientifiques (CNRS) ; ensuite, le livre collectif dirigé par Nicole-Claude Mathieu (L'Arraisonnement des femmes, 1985) rassemblant des Essais en anthropologie des sexes, où les homosexualités masculines et féminines ne sont pas abordées directement mais qui constitue un ouvrage fondamental pour les études sur les sexualités et les genres en France ; enfin, la première grande analyse sociologique française sur Les homosexuels et le sida paraît en 1988, lorsque Michaël Pollak (1988b) publie les résultats de son enquête commencée en 1985 en collaboration avec le journal Gai Pied Hebdo et de son rédacteur-en-chef, Frank Arnal, te bénéficiant du soutien financier de la Mission Recherche Expérimentation (MIRE). La publication d'un premier article issu de cette enquête, signé Michaël Pollak et Lindinalva Laurindo da Silva (1985), sa première collaboratrice, avec qui il a élaboré son premier projet en 1984 (Pollak, 1991), marque symboliquement un tournant pour les recherches sur les homosexualités qui vont alors s'orienter vers les problématiques propres à l'épidémie du sida. La création (en 1989) du comité en Sciences Humaines et Sociales de l'Agence Nationale de Recherches sur le Sida (ANRS), va renforcer cette orientation. Ce comité prendra en charge la poursuite des enquêtes quantitatives Pollak-GPH (qui, après son décès, seront reprises par Marie-Ange Schiltz et qui deviendront au long des années 1990 un observatoire épidémiologique privilégié sur l'étendue de l'épidémie parmi les homo-et bisexuels français), mais aussi des enquêtes qualitatives. Cette réorientation des études gaies et lesbiennes vers les problématiques liées au sida se renforcera au long des années 1990, à l'exemple d'autres pays occidentaux, comme nous verrons par la suite.
La décennie 1980 en sera riche en réunions scientifiques dans le domaine des sciences humaines et sociales. En 1986, a eu lieu en Sorbonne le premier colloque sur les homosexualités, comme nous l'avons déjà évoqué. L'année suivante, le tout récent GREH commence à organiser, toujours en Sorbonne, son premier cycle de rencontres sur le thème de l'homosocialité et des homosexualités, qui se déroulera de manière continue jusqu'en 1991, quand débutera un nouveau cycle, Pour une approche des sexualités à l'époque du sida. C'est aussi en 1987 que cette même association organise une table ronde sur l'homosexualité et l'homosocialité lors du colloque Les Sociologies III à l'Université des Sciences Humaines de Strasbourg (le 15 mai 1987), suivie, en 1988, de deux autres à l'occasion du colloque international sur La sociologie de la vie quotidienne qui a eu lieu à Paris, en Sorbonne (6 mai 1988). En mars 1989, l'Action Thématique Programmée (ATP) Recherches sur les femmes et recherches féministes du CNRS a organisé un colloque sur sexe et genre dans " le but d'analyser la valeur heuristique de ces deux concepts pour le traitement des données empiriques et pour la critique des évidences naturalistes attachées à de tels concepts dans la plupart des disciplines. Il s'agissait également d'estimer dans quelle mesure la distinction entre sexe et genre a contribué à la mise en évidence des fondements idéologiques des croyances relatives au sexe " (Hurtig, Kail et Rouch, 1991 : 15). L'impact de ce colloque a largement débordé le seul milieu des recherches féministes et sur les femmes : il a également eu une nette influence dans le domaine des études gaies et lesbiennes notamment grâce à des communications issues de ce champ comme celles présentées par Nicole-Claude Mathieu (1991), Brigitte Lhomond (1991) ou Patricia Mercader (1991). Un autre colloque, celui-ci organisé à Paris au Centre Georges-Pompidou (Beaubourg) le 13 novembre 1989, a réuni un certain nombre de chercheurs et d'intellectuels français pour une journée d'hommage à Guy Hocquenghem, décédé des suites du sida l'année précédente. " Romancier, philosophe, enseignant, journaliste, pamphlétaire, il a aussi touché à l'action militante. A ce titre il a marqué la génération de soixante-huit par son combat pour la reconnaissance de l'homosexualité dont il a été un des plus illustres initiateurs " (Cahiers de l'Imaginaire (7), 1992 : 05) en France. Ce colloque a été le lieu d'hommage mais aussi de réflexion sur les thèmes abordés par Hocquenghem, parmi lesquels l'homosexualité a occupé une place fondamentale.
Des ouvrages à caractère juridique paraissent aussi tout au long des années 1990, soit sous la forme de recueils d'articles publiés antérieurement dans la presse gaie, à l'exemple du journal Homophonies (Bach-Ignasse, 1982, 1988), soit en rassemblant de divers auteurs autour d'un thème spécifique comme les Couples homosexuels et lesbiens (Juridique et Quotidien, Doucé, 1987). La réflexion philosophique et littéraire ainsi que la vulgarisation sont présentes avec les livres de Geneviève Pastre (1980), Claude Courouve (1985) et Dominique Fernandez (1989), mais aussi dans la rubrique " Gai Savoir ", publiée par Gai Pied Hebdo entre 1983 et 1992, où les thèmes les plus divers sont abordés, et des intellectuels, chercheurs et des figures marquantes de la vie gaie et lesbienne française mais aussi internationale se sont exprimés.
Comme nous l'avons déjà remarqué, la fin des années 1980 marque un tournant des études gaies et lesbiennes vers une préoccupation plus marquée par la problématique du sida. Cette tendance s'étendra tout au long de la décennie 1990. Outre la propension " naturelle " qui fait que les chercheurs convergent sur une question qui touche de plein fouet les personnes à pratiques homosexuelles, on peu également évoquer des raisons morales, liées au militantisme ou, à des degrés divers, à la proximité à la maladie, entre autres. L'allocation de fonds publics considérables pour inciter la reconversion d'experts ou de jeunes chercheurs vers ce champ joue-t-elle aussi un rôle non négligeable. Ainsi, si, à ses débuts, le Comité de Santé Publique, Sciences de l'Homme et de la Société de l'ANRS ne compte que deux projets de recherches concernant les homosexuels masculins, un en sociologie quantitative (Michäel Pollak) et l'autre relevant d'une démarche socio-anthropologique qualitative (Rommel Mendès-Leite), avec le développement d'autres projets concernant directement ou indirectement les homosexuels y vont être accueillis. Les recherches qualitatives couvrent des aspects fort différents comme la prostitution masculine (Laurindo da Silva et Bilal, 1994) ou travestie (Mendès Lopes, 1994), les jeunes à pratiques homosexuelles (Richard, 1994), l'homophobie (Welzer-Lang et Dutey, 1994), les facteurs inconscients de la contamination par voie sexuelle (Lisandre, 1994), les bisexualitiés masculines et féminines (Mendès-Leite et Deschamps, 1997; Mendès-Leite, Deschamps et Proth, 1995; Mendès-Leite, avec Deschamps et Proth, 1996), ou encore les transformations intervenues dans le champ associatif suite à l'épidémie du sida et l'analyse de leurs discours sur le safer sex (de Busscher, 1994a, 1994b, 1997; Pinel et de Busscher, 1996). D'autres travaux qualitatifs financés par l'ANRS, même s'ils ne sont pas centrés sur la problématique " homosexualité et sida " la prennent pourtant en compte dans leur échantillonnage et dans leurs analyses. Les sujets abordés sont la séropositivité (Pierret et Carricaburru, 1992), l'analyse culturelle des risques (Calvez, 1992) et les sexualités et le sida en Europe du Sud (Mendès-Leite avec Mendes Lopes et Proth, 1996; Plexoussaki et Yannakopoulos, 1996; Yannakopoulos, 1996b). Les grands dispositifs quantitatifs d'enquête sur les comportements sexuels à l'échelle nationale, financés eux-aussi par l'ANRS, rendent compte des comportements homosexuels dans la population française jeune (Analyse des comportements sexuels des jeunes, ACSJ) et adulte (Analyse des comportements sexuels en France, ACSF) en métropole et dans les DOM-TOM (Analyse des comportements sexuels aux Antilles et en Guyane). Ainsi, d'une part, Antoine Messiah (Messiah et Pelletier, 1993 ; Messiah et Mouret-Fourme, 1993), dans le cadre de l'ACSF, a décrit les caractéristiques sociales et démographiques des hommes ayant des pratiques homosexuelles (homosexuels, bisexuels, " hommes entre eux ") et a analysé finement leurs comportements, certains éléments de leur socio-biographie sexuelle ainsi que les changements de pôle d'activité sexuelle chez les hommes bisexuels. D'autre part, Brigitte Lhomond (Lhomond, Lagrange et. al., 1995; Lhomond, 1997a) commence à analyser les pratiques et identités homosexuelles, bisexuelles et lesbiennes chez des jeunes âgés de 15 à 18 ans participant à l'échantillon établi par l'ACSJ.
Des recherches-action, financées notamment par l'ancienne Agence Française de Lutte contre le Sida (AFLS) et de nos jours par la Direction Générale de Santé (DGS), ont aussi abordé directement ou indirectement la gestion par les homosexuels des risques de contamination par le vih. Sont de cette façon étudiées la prostitution masculine (Laurindo da Silva et Bilal, op. cit. ; Welzer-Lang, Barbosa et Mathieu, 1994), les homosexuels en province (Mendès-Leite et de Busscher, 1992), le sexe impersonnel dans des back-rooms parisiennes (Mendès-Leite et de Busscher, 1995) et les bisexualités masculines (Mendès-Leite et Proth, 1995). D'autres recherches, développées surtout dans le cadre de thèses universitaires abordent également des thèmes liées à la problématique " homosexuels et sida ". Citons, par exemple le pôle de recherches anthropologiques sur les sexualités constitué autour de Marie-Élisabeth Handman au Laboratoire d'anthropologie Sociale de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales où cette thématique est représentée par des travaux sur les rituels de deuil développés par des associations de lutte contre le sida comme Act-Up Paris et le Patchwork des Noms (Brocqua, 1994), des recherches sur la construction sociale de la virilité et de l'homosocialité en Grèce contemporaine (Yannakopoulos, 1996a), ou encore des études sur les représentations de l'altérité dans la gestion des risques de transmission du vih par voie homosexuelle (Mendès-Leite, 1995b,c; Mendès-Leite et Proth, 1997a,b), sur les bisexualités (Mendès-Leite, Deschamps et Proth, op. cit. ; Mendès-Leite avec Deschamps et Proth, op. cit.; Mendès-Leite et Deschamps, op. cit.), sur l'homophobie (Gentaz, 1994). D'autres travaux universitaires liés à ce champs d'études peuvent encore être cités, comme ceux de Lindinalva Laurindo da Silva (1990) sur les homosexuels malades du sida, le mémoire de Frank Arnal sur les homosexuels face au sida (Résister ou disparaître ?, 1993) ou l'article de Pierre-Jean Dutey et ses collaborateurs (1992) sur sens, essence, contresens : des homosexuels, du sida, etc. Un état des lieux des recherches françaises en sciences sociales sur homosexualités et sida a été effectué lors du colloque organisé par le GREH, le Groupe de Sociologie Politique et Morale et la Fondation Mémoire des Sexualités (Pollak, Mendès-Leite et Vandemborghe, 1991), premier symposium français consacré au sujet .
À l'évidence, même si la thématique " homosexualités et sida " est majoritaire dans la décennie actuelle, certaines recherches sont également consacrées aux études gaies et lesbiennes en dehors de ce champ spécifique. Ainsi, le domaine de l'histoire ancienne est exploré par Claude Mossé dans son article sur Sapho de Lesbos (1991) mais aussi par Michel Sartre (1991) avec son étude sur l'homosexualité dans la Grèce antique. La naissance d'une minorité homosexuelle pendant le siècle des Lumières a été étudiée par Michel Rey (1991a, b), les homosexualités urbaines par Pierre-Olivier de Busscher (1994) et la cristalline, la " syphilis gaie, par Patrick Cardon (1991). Un ouvrage collectif sur les sodomites, invertis, homosexuels (Mendès-Leite, 1994) et le témoignage de Pierre Seel, déporté homosexuel, recueilli par Jean Le Bitoux, ont été publiés en 1994.
Des recherches socio-anthropologiques ont constitué des dossiers spéciaux de la revue Sociétés sur Corps - Sexualités (Mendès-Leite et Biao, 1990) et sur les Sexualités et Sida (Mendès-Leite, 1993e) et deux ouvrages collectifs, l'une sur les Gay Studies from the French Cultures (Mendès-Leite et de Busscher, 1993e) et l'autre sur les approches sociologiques, juridiques et littéraires d'un sujet inclassable (Mendès-Leite, 1995) sont également parus à l'époque. A remarquer aussi le livre de Patricia Mercarder (1994) sur L'illusion transsexuelle, l'ouvrage de Marie-Christine Anest (1994) concernant Zoophilie, homosexualité, rites de passage et initiation masculine dans la Grèce contemporaine et l'article d'Yves Roussel (1995) à propos du mouvement homosexuel français face aux stratégies identitaires. Enfin, citons deux publications issues des rangs d'Act-Up Paris : Le sida, combien de divisions ? et Les combattants du sida (Martet, 1993).
Nous l'avons vu, on pourrai davantage parler en France d'études et de recherches sur les homosexuels et lesbiennes que d'études gaies et lesbiennes. Le développement de ce domaine pendant les trois dernières décennies est directement lié aux transformations sociales touchant les homosexualités et la société française en général. Si, avant la fin des années 1960, la production sur l'homosexualité était surtout littéraire, à quelques exceptions près, principalement dans la thématique de la vulgarisation historique a travers les articles publiés (en toute discrétion) par la revue du mouvement Arcadie, la fin de cette décennie et surtout les années 1970 voient naître une littérature revendicative issue surtout des rangs du mouvement homosexuel " révolutionnaire " en quête de visibilité et de reconnaissance identitaire et sociale (FHAR, 1971). C'est aussi cette décennie qui verra la parution la première enquête sociologique française sur l'homosexualité de l'homme (Bon et d'Arc, 1974) suivie, quelques années plus tard, d'un sondage national organisé et publié par la revue Arcadie (n· 304, 1979).
La seconde moitié des années 1970 8, mais surtout les années 1980 ont connu un déplacement des fronts militants, en plein déclin depuis l'apogée du gouvernement socialiste, vers des travaux à caractère universitaire et scientifique. Bien sûr, le nouveau statut social de l'homosexualité et le déclin du mouvement homosexuel revendicatif pendant le premier septennat de François Miterrand y sont pour quelque chose9.
L'importance croissante du taux de contamination par le vih parmi les hommes à pratiques homosexuelles et les problèmes de santé publique et de société qu'elle implique sont à l'origine du deuxième déplacement dans le domaine des études sur les homosexualités durant ces trois dernières décennies. Certes, l'allocation de fonds publics considérables va donner un nouvel essor aux recherches sur les sexualités, notamment aux études sur la gestion des risques de transmission sexuelle parmi les homosexuels masculins. Pourtant il ne faut pas oublier que ces études ont tendance à analyser les sexualités spécifiquement dans leur rapport à la problématique du sida, ce qui n'est absolument pas neutre. Outre une nouvelle médicalisation des recherches sur les sexualités, indiquée par certains chercheurs français (Giami, 1992, 1996 ; Mendès-Leite et de Busscher, 1994), nous assistons aussi à une espèce de manque de problématisation sociologique et anthropologique dans certaines études, qui provient plutôt des descriptions statistiques et épidémiologiques orientées dans une optique utilitariste. Ceci est le cas surtout entre les professionnels reconvertis dans le domaine de la transmission du vih par voie sexuelle qui n'ont pas un passé de réflexion et d'analyse sur les problématiques socio-anthropologiques des sexualités humaines. De plus, de jeunes chercheurs travaillant ou souhaitant travailler dans le champ des études sur les homosexualités sont incités à " sidaïser " leurs projets de recherche pour avoir accès aux financements publics, ce qui représente aussi une perte pour les études sur les sexualités " tout court ".
La revalorisation de notre domaine d'études par les agences publiques qui assurent le financement des recherches sur le sida a aussi ses effets pervers. Dans ce sens, la décision de financer ou de ne pas financer tel ou tel projet est liée aussi bien à un certain utilitarisme qu'à la préoccupation avec le caractère " gênant " de certains thèmes. Par exemple, une recherche-action sur le sexe impersonnel et la gestion des risques de contamination dans des back-rooms et en milieu sadomasochiste (Mendès-Leite et de Busscher, 1995, 1997) a été financée, mais a rencontré des difficultés à être diffusée dans des publications officielles françaises parce que considérée " voyeuriste " et " désagréable ", voire embarrassante pour la " pudeur " publique. Comme quoi certains aspects " indésirables " des homosexualités doivent rester à l'abri des études et des recherches pour rester invisibles à l'oeil public...
Bibliographie :Texte originel : Mendès-Leite, R. The status of research on homosexuals and lesbians in humanities and social sciences in France (1970 - 1995). (paru in Sandfort, T. et Schuyf, T. The Future of Gay and Lesbian Studies in Europe. Utrecht, Universiteit Utrecht). L'auteur remercie Jan-Willem Duyvendak, Gert Hekma, Theo Sandfort, Judith Schuyf et Brigitte Lhomond. Observons aussi qu'un tel classement n'est nullement aisé, les frontières entre les différentes disciplines étant parfois très floues. D'autre part, certains chercheurs peuvent bel et bien se considérer ou être considérés comme issus du mouvement homosexuel. Cette catégorisation reste donc en quelque sorte arbitraire mais nécessaire pour des raisons d'opérationalité. Comme d'ailleurs nous le ferons tout au long de cet article. À ce propos, cf. Mendès-Leite et Molleda-Pernas, 1990; Mendès-Leite et de Busscher, 1993. Centre d'Études sur l'Actuel et le Quotidien (Université de Paris V), Fondation Mémoire des Sexualités, Archives Recherches et Cultures Lesbiennes, Homostudies et Womenstudies (Université d'Amsterdam), Centre Interdisciplinaire d'Études Contemporaines (Université Fédérale de Rio de Janeiro). Les recherches historiques mais aussi sociologiques, littéraires et esthétiques françaises ont été représentées par les travaux de Brigitte Lhomond, Jean-Claude Feray, Patrick Cardon, Carole Desmond, Gérard Bach-Ignasse, André Letowski, Eric Puren, Jean-Pierre Roze, Catherine Gonard, Jean-Michel Rousseau, Geneviève Pastre, Nicole Albert, Michèle Brandini, Gaëlle Deschamps, Daniel Welzer-Lang, Rommel Mendès-Leite, Patricia Mercader, Christiane Jouve, Michel Journiac et Jean-Louis Gabin (tous in GREH et. al. 1989 - 1991). Dirigé par Rommel Mendès-Leite. Avec la publication du premier volume de l'Histoire de la sexualité par Michel Foucault (1976) et des analyses féministes sur les sexualités et les genres, commencées depuis le début de la décennie 1970 par Nicole-Claude Mathieu et Monique Wittig. Sur ces derniers points, voir Duyvendak, 1994, 1995, et de Busscher et Pinel, 1996.
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